Durant ma carrière, j’ai eu l’occasion de lire et chroniquer de nombreux livres traitant du sujet de la transition écologique et sociétale de l’entreprise. Récemment, j’ai lu des ouvrages sur l’Entreprise Altruiste*, sur l’Entreprise Contributive** ou la Permaentreprise de Sylvain Breuzard, ouvrages qui apportent tous des éléments intéressants. L’inconvénient de beaucoup de ces démarches, c’est qu’elles sont souvent guidées par une recherche de performance tout à fait classique.
L’ouvrage « l’entreprise robuste » de Olivier Hamant, Olivier Charbonnier et Sandra Encart, paru il y a quelques mois, se démarque clairement. Dans la droite ligne des précédents écrits d’Olivier Hamant (la troisième voie du vivant, antidote au culte de la performance), les auteurs partent du constat que dans la nature, ce n’est pas la performance qui compte, mais la robustesse, c’est-à-dire la « capacité à maintenir le système stable à court terme et viable à long terme malgré des fluctuations ». Et ils nous emmènent dans une réflexion très structurée sur la manière dont l’entreprise peut abandonner le culte de la performance pour s’engager dans une démarche de robustesse. Cette démarche ce n’est pas simplement copier le vivant, comme dans le cas du biomimétisme. Il s’agit de bien comprendre comment fonctionne le vivant et de voir en quoi les grands principes (coopération, circularité, interactions) peuvent s’appliquer à l’entreprise, tout en prenant en compte la spécificité des sociétés humaines. Il n’y a pas de secret, aucune transition sérieuse ne pourra se faire si on ne remet pas en cause le mythe de l’abondance : « Penser que le vivant peut nous aider à inventer le monde de la coopération sans remettre en cause la société de l’abondance est une illusion ».
Benoit de Guillebon
* l’Entreprise Altruiste de Issac Getz et Laurent Marbacher, Albin Michel 2019
** l’Entreprise Contributive de Fabrice Bonnifet et Celine Puff Ardichvili, Dunod 2022