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Newsletter Novembre 23 : L’IDÉOLOGIE À L’ÉPREUVE DES FAITS

Président d’APESA et animateur du CHEDD
Cycle de trans-formation pour des futurs soutenables
propulsé par APESA

« Nous, économistes de métier, sommes souvent trop enfermés dans nos modèles et nos méthodologies, et il nous arrive d’oublier où finit la science et où commence l’idéologie ». Cette phrase, extraite de l’ouvrage « Économie utile pour les temps difficiles » de Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo résume bien ce à quoi s’attachent les auteurs : analyser les faits sans parti pris idéologique pour éclairer les grandes questions économiques de notre temps, comme l’immigration, le libre-échange, la croissance, les inégalités ou l’environnement. De la même manière, Anne-Laure Delatte, dans « l’Etat droit dans le mur » analyse les données de l’action publique en France depuis l’après-guerre pour mettre en évidence une tendance lourde. Contrairement à des idées très répandues sur l’action publique, pour respecter l’idéologie du marché, les fonds publics tendent à privilégier de plus en plus les entreprises au détriment des ménages en délaissant de fait les « deux missions de l’Etat, nous protéger toutes et tous face aux évènements extrêmes à venir et assurer une bifurcation de notre mode de vie ».
C’est cette même idéologie du marché et du laisser-faire économique qui a conduit certains scientifiques à livrer « une bataille contre les faits pour vendre du doute » et ainsi retarder les réglementations sanitaires et environnementales comme le racontent les historiens des sciences Naomi Oreskes et Erick M Conway dans « Les marchands du doute ». Ces 3 ouvrages nous montrent qu’il est indispensable de prendre du recul pour filtrer ce qui dans les discours ambiants relève de l’idéologie de ce qui est solidement étayé. Le cas de l’immigration dont il est fortement débattu ces derniers temps est malheureusement un contre-exemple, criant, comme on peut s’en rendre compte en lisant « Économie utile pour les temps difficiles » ou l’ouvrage de François Gemenne « On a tous un ami noir ».