Dans son discours de politique générale de début septembre, Francois Bayrou a fait du surendettement une question « où notre pronostic vital est engagé ». De fait, depuis quelques mois, la question de la dette fait l’objet d’une surenchère médiatique anxiogène. Mais que signifient réellement ces milliards d’euros dont politiques et journalistes parsèment leurs discours ? Pour mieux comprendre la situation actuelle, je me suis d’abord plongé dans le petit livre très pédagogique « la dette publique« des Économistes Atterrés, ouvrage qui montre clairement qu’il n’y a pas de quoi paniquer, mais aussi que des choix idéologiques – qui pourraient tout à fait être remis en cause – ont conduit à une dépendance malsaine des Etats aux marchés financiers.
Le sujet de la dette n’est pas récent : dans un livre référence remarquablement documenté « Dette, 5000 ans d’histoire », David Graeber analyse de manière approfondie comment ont évolué les notions de dette et de monnaie – qui sont intimement liées – au cours de l’histoire. On voit ainsi « combien les dispositifs inventés par les humains pour organiser leur vie économique et politique avaient été multiples et diversifiées dans le passé ».
Plutôt que de s’entêter dans une voie qui manifestement ne fonctionne pas, ne faut il pas changer de regard et « transformer la monnaie pour transformer la société ». C’est ce que proposent Jezabel Couppey-Soubeyran, Pierre Delandre et Augustin Sersiron dans « Le pouvoir de la monnaie », ouvrage, où ils imaginent une monnaie volontaire, distribuée par la banque centrale, mais gérée démocratiquement qui pourrait financer les projets non-rentables de la transition écologique et sociétale. Une idée déjà explorée dans « Une monnaie écologique » de Alain Grandjean et Nicolas Dufresne.
Le point commun de tous ces ouvrages, c’est l’affirmation que la dette publique et la monnaie ne doivent pas servir à enrichir les plus riches comme c’est le cas aujourd’hui, mais qu’elles doivent être mises au service de l’accroissement du bien-être du plus grand nombre et la bifurcation écologique.
Benoit de Guillebon