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Newsletter Août 25 : Inégalités (suite)

Au début de l’été, je vous ai proposé 3 ouvrages qui donnaient une perspective historique long terme sur les inégalités. Les trois ouvrages que je vous propose ce mois-ci analysent le sujet des inégalités sur une période plus courte et plus proche de nous.

« Capital et Idéologie – la BD », bande dessinée inspirée des écrits de Thomas Piketty, illustre très bien à travers une saga familiale, l’origine des inégalités au 19ième siècle, la réduction massive de ces inégalités générée par les deux guerres mondiales, et la remontée de ces inégalités à partir des années 80.

Dans « Pour vivre heureux, vivons égaux », Kate Pickett et Richard Wilkinson ont analysé une multitude d’études scientifiques et leur constat est sans appel : les inégalités nuisent à la santé et dégradent le bien être humain. Or « Pendant environ 95% de la période qui s’est écoulée depuis que notre cerveau a atteint sa taille actuelle, soit les 200 000 à 250 000 dernières années de notre existence, les sociétés humaines ont été résolument égalitaires ». La croissance des inégalités n’est donc pas une fatalité : « ce sont des processus idéologiques et politiques qui … ont joué le rôle le plus déterminant dans la définition du mode de répartition des revenus ». 

C’est à une de ces idéologies que s’attaque Michael Sandel dans la « Tyrannie du mérite ». La méritocratie, c’est cette vision providentialiste fortement ancrée aux États Unis qui veut que « les riches sont riches parce qu’ils sont plus méritants que les pauvres », ce qui justifie des inégalités croissantes.Or cette croyance ne correspond plus du tout à la réalité empirique. Les perdants de la méritocratie – de plus en plus nombreux – ont donc « un sentiment d’humiliation et du ressentiment » qui conduit à des votes pour des leaders autoritaires et populistes.

Quel que soit l’angle sous lequel on le regarde, des fortes inégalités ne sont bonnes ni pour le bien être des individus (en tout cas pour une grande majorité), ni pour les sociétés humaines. Espérons qu’en France, nous sachions choisir la voie de la lutte contre les inégalités, condition indispensable du bien commun et de la capacité à faire face à un monde de plus en plus turbulent.  « Dans les sociétés où règne de très grands écarts de revenus entre riches et pauvres, la vie locale est indigente. À l’inverse, les sociétés avec de faibles écarts sont beaucoup plus soudées ».

Benoit de Guillebon