Logo Chedd_propulse_par_apesa-1

Newsletter Mars 24 : la ruée minière du 21e siècle

En 2010, Philippe Bihouix et moi-même avons publié un ouvrage «Quel futur pour les métaux» qui alertait sur un enjeu presque aussi important que le changement climatique, à savoir une raréfaction des ressources métalliques indispensables à notre activité industrielle (en particulier la transition énergétique). Ce mois-ci, je vous propose deux ouvrages très récents qui confirment notre analyse. «Métaux, le nouvel or noir», sous-titré « Demain la pénurie ?», de Emmanuel Hache et Benjamin Louvet et «La ruée minière au 21e siècle» de Celia Izoard sont deux ouvrages complémentaires dans les données et la tonalité, mais le constat est globalement le même.
 
C’est devenu un lieu commun que de dire qu’il va falloir des quantités énormes de métaux pour effectuer la transition énergétique, mais aussi la transition numérique. Mais ce que l’on nous dit moins, c’est que nous avons utilisé les gisements de métaux les plus facilement accessibles et les plus riches. Et malheureusement, plus la teneur des gisements baisse, plus la mine est polluante et énergivore.

Par ailleurs, dans les pays occidentaux, nous avons oublié que les impacts environnementaux des mines de métaux sont colossaux car « mines et métaux avaient été rangés au placard de l’histoire économique et industrielle de nombreux pays européens, dont la France ». Et l’idée de rouvrir dans nos pays occidentaux des mines propres se heurte à la réalité : « construire une mine industrielle économiquement viable sur un territoire implique la création d’une zone de sacrifice, qu’elle soit en Europe ou ailleurs ». 

Enfin, nous commençons à réaliser que les métaux sont en train de reconfigurer complètement la géopolitique mondiale, avec une situation de quasi-monopole de la Chine  sur de nombreux métaux et des pays comme la République Démocratique du Congo ou l’exploitation minière alimente la guerre civile depuis des décennies.
 
Alors que faire ? S’ils le disent de manière différente, les deux ouvrages nous confirment qu’il n’y a pas de solution dans la fuite en avant technologique – la voiture toute électrique par exemple – et qu’il va falloir « accepter des transformations systémiques de nos manières de fabriquer, de consommer et, tout simplement de vivre ». « Avant de se demander comment obtenir des métaux de manière moins destructrice, il faut se donner les moyens d’en produire et d’en consommer moins ».
Autrement dit, la ruée minière du 21e siècle est insoutenable énergétiquement, écologiquement et géopolitiquement, si elle ne s’accompagne pas d’une bifurcation majeure vers la sobriété minérale.