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LE MONDE ET LA TERRE

David Van Reybrouck, Actes Sud, 2025 

Pour illustrer la différence entre le monde et la terre, David Van Reybrouck commence par nous parler du vieux globe terrestre qui était dans sa chambre de jeunesse. Quand le globe est éteint, on ne voit que la Terre. Quand le globe est allumé, on voit la multiplicité de tous les pays, qui est la couche « Monde » que les humains ont rajoutée sur la Terre, oubliant souvent la base Terre sur laquelle est construit ce Monde : « La question n’est donc pas de savoir comment réattribuer à la Terre la place centrale, mais comment réfléchir au monde si nous prenons de nouveau conscience que c’est bel et bien la Terre qui le porte ». Dans ce petit essai, l’auteur nous propose donc de substituer à la raison d’État une « raison de la Terre ».

Pour résoudre les conflits, les humains ont inventé la diplomatie. D’abord entre groupes humains, puis entre cités. C’est Richelieu qui, au 17ième siècle, a fait de la « raison d’État » le socle de la diplomatie entre États. Un des symboles de cette diplomatie est l’île des Faisans sur la Bidassoa entre la France et l’Espagne, île sur laquelle a été négociée la fin de la guerre de 30 ans en 1648. En 1814, à la fin des guerres napoléoniennes, Metternich invente le multilatéralisme, la diplomatie entre divers États souverains. Multilatéralisme qui est encore à l’œuvre dans l’Organisation des Nations Unies ou dans les COP sur le climat. Mais dans notre relation globale avec la Terre (nous la détruisons et elle peut nous détruire), ce multilatéralisme, miné par les égoïsmes nationaux et l’omniprésence des lobbies, ne fonctionne pas.

S’appuyant sur l’exemple de l’Assemblée mondiale démarrée en 2021 dont il nous raconte la genèse et le fonctionnement, l’auteur propose de placer un conseil mondial des citoyens au cœur de la diplomatie climatique internationale. Une idée qui commence à faire son chemin. Pour développer cette « Raison de Terre », il ne faudra s’appuyer que sur la vision occidentale de la diplomatie, mais s’inspirer des philosophies chinoise, indienne ou africaine. Un essai très court (50 pages) tout à fait stimulant, même si les récents résultats de la COP 30 ont montré que les égoïsmes nationaux et la puissance des lobbies sont encore bien présents.