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SO WATT?

L’énergie : une affaire de citoyens

Benjamin Dessus, Helène Gassin, Editions de l’Aube, 2006

J’ai relu récemment ce petit essai rédigé il y a 20 ans par Benjamin Dessus, expert reconnu des enjeux énergétiques, premier directeur scientifique de ce qui est devenu l’ADEME, et Helène Gassin, chargée de la campagne énergie de Greenpeace. Certes, les chiffres ont un peu changé depuis 20 ans, mais ce petit ouvrage très pédagogique n’a pas vraiment pris de rides.

En effet, quand les auteurs écrivent « nous sommes devenus totalement dépendants de nos esclaves mécaniques sans disposer, apparemment, de la moindre prise sur l’évolution de la situation« , on ne peut que constater que la déstabilisation récente des approvisionnements énergétiques liée à la guerre en Ukraine ou la mainmise chinoise sur la production de panneaux photovoltaïques leur donne raison. Par ailleurs, le loupé de la conférence citoyenne sur le climat et les atermoiements gouvernementaux sur la stratégie énergétique, rendent toujours aussi pertinent l’appel à « bâtir une politique qui ne soit pas seulement un nouvel arbitrage ministériel entre lobbies producteurs, mais une véritable élaboration collective impliquant et engageant les citoyens« .

L’ouvrage commence par un état des lieux en regrettant la faible place faite à la maîtrise de l’énergie : « Le débat actuel porte avant tout sur les moyens de production d’énergie, il met en scène des puissantes entreprises et les pays producteurs dans un marché dont personne ou presque ne souhaite remettre en cause la vocation à croître inéluctablement au rythme du développement des différentes régions du monde ». La politique énergétique doit s’inscrire dans un cadre plus global. En effet « l’aménagement du territoire, l’urbanisme, le type de logement, sa qualité thermique, la nature du réseau de transport dans lequel nous évoluons tous les jours ont une influence considérable sur la façon dont nous dépensons de l’énergie et sur les quantités mises en jeu ».

Constatant l’impasse dans laquelle se trouve la politique énergétique, les auteurs en analysent les causes dans une deuxième partie. « Si le gouvernement semble avoir bien compris les enjeux, il se révèle totalement incapable de donner corps aux priorités qu’il affiche. Ainsi, la tradition de décalage complet entre le discours et la réalité se perpétue ».

Ils proposent ensuite des pistes pour le futur autour de 3 critères :

L’égalité d’accès non pas seulement à l’énergie comme on le fait traditionnellement mais au service de l’énergie (confort thermique, moyen de déplacement, éclairage)

– La sécurité d’approvisionnement

– La réduction des ponctions sur les ressources nonrenouvelables, des risques et des nuisances environnementales locales et globales liées au développement des systèmes d’énergétiques 

Et ils concluent sur un appel à une mobilisation citoyenne : « Les citoyens ne sont pas condamnés à l’impuissance devant la montée des périls environnementaux, devant la langue de bois du discours politique, devant l’arrogance du lobby énergétique, devant la suffisance du discours scientifique, devant la toutepuissance de la publicité ».

Certes, il y a eu des progrès en 20 ans, mais l’essentiel du constat fait par les auteurs est encore malheureusement toujours terriblement d’actualité et les propositions toujours pertinentes. 

Un texte très facile à lire pour avoir une vision globale des enjeux énergétiques.