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VOYAGES EN UTOPIES

Benoist Simmat, Daniel Casanave, Librairie Arthème Fayard 2025

Depuis le 18ième siècle, de nombreuses tentatives ont été faites pour mettre en application les idées des philosophes des lumières. Portées par des princes éclairés, des savants militants, des riches philanthropes… des utopies ont été réellement mises en œuvre pendant quelques années ou quelques décennies. « Portés par la foi d’un futur proche de la perfection, ces activistes vont former de très nombreuses communautés autogérées, des colonies d’un nouveau genre, des villages libres et autres coopératives innovantes ». Le journaliste Benoist Simmat et l’illustrateur Daniel Casanave nous racontent en images et en texte 12 de ces utopies aux quatre coins de la planète.

On visite ainsi San Leucio, à côté de Naples , ou le roi Ferdinand IV, à la fin du 18ième siècle, met en place  « le premier cas historique de socialisme paternaliste » : il offre à une communauté de 200 personnes un « Edit de bon gouvernement » qui leur donne des droits sociaux très en avance sur le temps et, une quasi indépendance en termes de gouvernance.

On découvre le « rêve fracassé de Robert Owen », un industriel anglais philanthrope qui vient installer en 1825 au milieu de l’Indiana aux Etats Unis, la colonie New Harmony dans laquelle « tous les biens sont mis en commun et chacun contribue à hauteur de ses compétences à la production de tout ce dont la communauté a besoin ».

On part sur l’île Malcom au large de Vancouver ou le théoricien et activiste finlandais Matti Kurrika va développer en 1902 un projet d’autosuffisance avec 200 émigrés finlandais autour de la Coopérative Sointula en essayant de tirer les leçons d’une précédente expérience en Australie qui avait été un échec.  

Beaucoup plus près de nous temporellement, on va en 2024 au Honduras où le milliardaire Peter Thiel promeut actuellement Prospera, selon un modèle libertarien de « zone économique néo souveraine ou les entités étatiques sont remplacées par des conseils d’administration ».

Malheureusement, on ne peut que constater avec l’auteur qu’à de très rares exceptions près, « les rêves des utopies se fracassent sur le mur de la réalité ». Globalement, ces projets ne prennent pas assez en compte le facteur humain et/ou sont trop radicales : « Un perfide cocktail de passions humaines et de pesanteurs économiques mine ces édifices sociaux qui s’effondrent parfois en très peu de temps ». 

Toutefois, en lisant toutes ces histoires, on constate qu’il reste souvent quelque chose qui perdure après la fin du projet utopique et que des idées complètement utopiques il y a un ou deux siècles sont beaucoup mieux acceptées aujourd’hui.

Si le fond de l’ouvrage et sa perspective historique sur l’utopie sont intéressants, la forme et les dessins ne m’ont pas tout à fait convaincu.