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LE MINISTÈRE DU FUTUR

Kim Stanley Robinson, Editions Bragelonne 2023

C’est un ouvrage hybride qui tient autant du roman que de l’essai qu’a écrit Kim Stanley Robinson. La trame de l’ouvrage, c’est l’action du « ministère du Futur », la nouvelle agence des Nations Unies créée pour défendre les générations à venir et protéger toutes les créatures vivantes. Mais autour de cette trame, s’enroulent d’autres histoires dont celle d’un rescapé d’une canicule mortelle en Inde. L’ouvrage est de plus parsemé de chapitres où l’auteur explore plusieurs éléments du « système » mondial actuel en ouvrant des pistes pour le faire évoluer.

L’ouvrage démarre par la description d’une canicule en Inde qui fait plusieurs millions de morts : un américain travaillant dans une ONG, Franck May, en est un des seuls survivants et en conçoit une haine farouche pour tous ceux qui représentent l’inaction climatique. En parallèle, la COP 29 décide de la création d’une nouvelle agence, le « Ministère du Futur » confiée à Mary Murphy, une irlandaise de 44 ans, qui va user de tous les ressorts possibles pour mener à bien sa mission de lutte contre le changement climatique. A partir de cette trame romanesque qui voit Franck et Mary se croiser, l’ouvrage, constitué de plus de 600 pages et de 106 chapitres, est construit comme une sorte de kaléidoscope utilisé par l’auteur pour nous décrire l’avenir vers lequel nous nous dirigeons et les pistes pour éviter un effondrement. 

On trouve ainsi les négociations de Mary Murphy avec les puissances financières pour maitriser les émissions carbone (le « carboncoin »), des actions d’éco-terrorisme contre les avions de tourisme ou des porte containers pour forcer le ralentissement des déplacements mondiaux – financées en sous-main par le ministère du futur ? -,  la mise en place de  géo-ingénierie pour atténuer le changement climatique (l’Inde décide de pulvériser des aérosols dans l’atmosphère, des expérimentations sont faites pour éviter que les glaces polaires ne fondent trop vite), le renouveau des dirigeables pour le transport aérien…

Les chapitres « interstitiels » traitent aussi bien d’une meilleure répartition des richesses et du coefficient de Gini, du paradoxe de Jevons et de l’effet rebond, du modèle coopératif de Mondragon (pays basque espagnol), des Gilets Jaunes, de « l’euthanasie des rentiers » évoquée par Keynes, d’impôts et de taxe… Des chapitres pertinents mais qui laissent un peu sur sa faim car les sujets ne sont pas assez creusés. 

Un livre parfois déroutant où l’auteur a mis sa capacité d’écriture sous toutes ses formes au service de ses idées et de la lutte contre le changement climatique. Au final, on voit se construire par petites touches, ce qui ressemble à une utopie de la construction d’un monde plus sobre et d’un changement climatique sous contrôle.