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Le capital au XXIème siècle

« Ce livre, je crois, est autant un livre d'histoire que d'économie. » nous dit Thomas Piketty en début de livre. Et de fait ,  Le Capital au XXIième siècle , c’est une histoire économique des inégalités depuis 1800 en Europe et aux Etats-Unis. Très pédagogique, utilisant des références littéraires à Balzac, à Jane Austen et même aux Aristochats, cette histoire se lit comme un roman et ne nécessite pas de culture économique particulière.Le principal enseignement de cette étude reste que le marché (et non les inefficiences du marché) tend naturellement à la concentration de plus en plus forte des patrimoines. Et l’on voit très clairement qu’après un 19ième siècle de «  rentiers »  on était arrivé à des inégalités maximum à la Belle Epoque. 10 % de la population concentrait 90 % du capital,  et pour s’élever dans la société, il était beaucoup plus efficace d’épouser une riche héritière que de compter sur le travail salarié. 

Et puis sont arrivés les deux guerres mondiales, entrecoupées de la crise de 29  et les 30 années de croissance qui ont suivi la seconde guerre mondiale.  Les deux guerres mondiales ont réalisé une énorme purge du capital et ruiné bon nombre de rentiers , principalement en Europe, et les 30 ans de croissance qui ont suivi , on permis de croire à une société plus «  méritocratique »  ou l’on pouvait s’élever dans la société grâce à son travail.

Cette (longue) parenthèse est terminée, et  le niveau d’inégalités et en passe de revenir au niveau de la Belle Epoque, surtout aux Etats Unis et l’on voit réapparaitre les rentiers, ces riches oisifs servis par des armées de serviteur. La seule différence par rapport à la fin du 19ième siècle, c’est que  la richesse s’est un peu « démocratisée » : un pourcentage non-négligeable de la population parvient à accumuler un petit capital, Et si rien n’est fait, cette situation de déséquilibre des richesses  risque de s’aggraver dans les décennies à venir, posant clairement un problème démocratique. Dans la fin de l’ouvrage, Thomas Piketty lance des pistes de solution, en particulier un impôt progressif sur le capital, qui, pour être efficace, devra être harmonisé au niveau mondial, ou au moins européen

 Malgré ses 1000 pages, je recommande vivement la lecture de cet ouvrage car il est important que le débat démocratique soit basé plus  sur des faits historiques que sur des théories économiques qui pour beaucoup se sont révélées ne pas correspondre à la réalité  ( voir chronique de «  L’imposture économique » de Steve Keen , de façon à se focaliser sur les bonnes questions.  

«  La répartition des richesses est trop importante pour être laissée aux seuls économistes, sociologues, historiens ou autres philosophes »